On ne naît pas assassin, on le devient. Anbech n'est qu'un vieux fou nostalgique. Il m'a vu naître et il est normal d'avoir de tels sentiments. Voyez d'ailleurs ses mots lorsqu'il me décrit. On ressent cette nostalgie dans cet écrit. Mais maintenant, il est temps pour moi de vous conter mon histoire. Ma naissance, mon enfance, mon cauchemar, mon errance et ma renaissance.

[…]

Faug, territoire qui a vu ma naissance, ma terre natale. Je vus le jour dans un monde de perfections et de beauté, un jardin d'Eden époustouflant qui rendait une personne banale bien laide. J'ai grandi au sein de la Cours de la Reine Seelie, ma mère étant à son service. Enfin, pas personnel mais elle faisait partie de ses nombreuses personnes qu'elle côtoyait et qu'elle devait oublier la seconde d'après. Et moi je rayonnais parmi elles, tout comme elles. Vers l'âge de 10ans, j'ai découvert mon pouvoir. Je me souviendrai toujours de ce moment important de ma vie. Il y avait cette rose que ma mère avait cueilli et mise dans un vase. Elle se fanait. Je la sentais mourir et dépérir, perdant peu à peu ses pétales. Du bout des doigts, je l'ai caressée et ce fut pour elle comme une nouvelle jeunesse. Le rouge reprit son éclat vermeille, les pétales se redressèrent et redonnèrent force de vie à cette modeste rose. Depuis ce jour, je n'ai cessé de me promener dans les vastes plaines, dans les bois touffus de la régions. C'était un pur bonheur et la plus part du temps, mes chaussons valsaient pour que je puisse sentir l'herbe, le sol sous mes pieds. Les années passent et mon corps change, mais pas ma personnalité. A seize ans je continuais mes petites virées et je développais mon pouvoir. D'ailleurs, je m'occupais du jardin de la reine et je vous jure que je ne suis pas du genre à me vanter, mais il était splendide. Pas une seule feuille morte, la nature se pliait à mes envies sans que je ne sois tyrannique. A vrai dire, je riais souvent à cette époque, il y avait toujours un sourire plaqué sur mon visage et je partageais ce bonheur avec elle.



Et puis, il y a eu ce moment. Une attaque fourbe de l'autre coté de la cour. Ses assassins … Ce n'était pas une attaque contre le palais, mes contre ces serviteurs, ces nobles dames qui étaient sorties l'espace de quelques heures en sein de la ville. Écorchées, égorgées, violée, ce fut une lourde conséquence sur le moral de la cour, mais aussi de voir une telle laideur survivre. Laideur, oui ! L'un de ces assassins avait voulu me planter un poignard en plein cœur. J'ai su esquiver, courir, mais pas échapper à la lame qui fendit l'air et arracha la peau de mon visage. Les regards ne se posaient que sur cette cicatrice rougeâtre qui ornait le coin de ma lèvre et descendait dans le creux de mon coup. Je n'étais pas morte, mais c'était tout comme. Reniée par ce peuple, cette cour qui était mienne, ce ne put que m'enfuir loin de cette haine contre la laideur.

J'ai marché durant de longs mois, m’écorchant les pieds sans vraiment m'en rendre compte. Et ma vie changea lorsque j'ai croisé la route d'Anaën. Qui est ce curieux personnage ? Un vieil homme, un incube pour être plus précis et surtout mon maître dans la guilde de l'assassinat. J'ai tout appris de lui, et j'ai eu l'éternité pour me perfectionner, pour devenir à la hauteur de son espérance. Pourquoi moi ? Parce qu'il avait lu cette douleur en moi, cette haine et cette colère retenue qui ne demandaient qu'à être exploitées.




Les armes feux n'ont plus aucun secret pour moi, mais ce que je préfère par dessus tout, ce sont les armes blanches, les coutelas et katana, tout ce qui tranche et fait saigner, ma vengeant alors de cette cicatrice qui me défigure. Oui je fais un complexe, qui n'en ferait pas ? Qui pourrait accepter un tel visage ? J'ai passé prêt de trente années dans cette guilde, à suivre un apprentissage long mais fructueux. J'avais prêt de cinquante ans et j'avais l'impression en me regardant dans le miroir de n'en avoir qu'une vingtaine. Les joies de l'immortalité, mais toujours cette affreuse cicatrice qui fait partie de moi et que je rejette. Ce n'est qu'à partir de ce moment qu'Anaën décida de me confier quelques contrats. Malgré l’entraînement, tuer pour la première fois reste une réelle épreuve et je remercie mon maître d'être resté à mes cotés ce jour là.

Ce n'était qu'un noble gros et gras, un homme méprisable qui devait mourir, demande d'un noble moins puissant mais ambitieux et surtout très riche. C'est la dure loi de l'assassinat. Au plus offrant. Au lieu de sangloter comme un gamin, il aurait pu renchérir, mais bien souvent, ma lame est plus rapide. Il m'a fallu une bonne dizaine de morts pour m'habituer au goût du sang, pour que cet acte ne me touche plus.

Nous sommes déjà arrivé à plus de la moitié de ma vie. Le reste ne fut plus que routine et nouvelles habitudes. Jamais au même endroit, jamais le même visage. De la simple assassine, je suis devenue la sans visage et on me donne aussi le nom d'Azraël. Ma nouvelle vie. Mon ancien nom ? Je ne m'en souviens plus très bien. Izaliah il me semble. La dure loi de l'éternité, on oublie les détails inutiles.

J'ai voyagé, découvert de nombreuses contrées, des villages reculés, mais là où l'argent et les contrats m'appelait. J'avais des contacts qui me transmettaient par corbeau les demandes et j'étais seule à décidée de la valeur du contrat. La plus part du temps, je vais voir moi même le client, pour voir à quoi ressemble mon patron. Mais une fois, il y a eu cet homme. Je ne l'ai jamais rencontré, je n'ai jamais pu l'approcher, ni voir son visage. Je ne le connais que sous le nom de l'Ombre. Chaque message est pour moi une réelle jouissance car je sais qu'il me récompensera généreusement. Le plus gros client que je n'ai jamais eu et le plus mystérieux. Il m'intrigue et attire mon attention. Un personnage influant ? Sûrement. Mais je continue l'enquête.

…

Tu es bien silencieux. Enfin, tu te doutes que si je te racontes tout cela, c'est que tu vas mourir. Pas la peine d'ouvrir la bouche, pas la peine de me supplier. Ma décision est prise et puis, j'ai un contrat à respecter. Réjouie toi, l'ange de la mort n'a jamais passé autant de temps avec ses victimes auparavant. S'il y a un dieu là haut … transmet lui un message. Je l'emmerde. Adieu.