« - Joyeux anniversaire Ruby
- Garde le précieusement et pense à moi.
- Grand frère.
- C’est plus qu’un simple journal intime.
- Ne meurt pas. Grand frère.
- Ne m’oublie jamais.
- Grand frère…
- Dégage gamine. Il est temps pour lui de danser la gigue au bout de la corde. »

Je m’appelle Rubis. J’ai 19 ans, mais je ne sais ni lire et écrire. Certes ce n’est pas vraiment le bon moment pour m’en soucier je pense, mais je le regrette, j’aurais aimé savoir. Je m’appelle Rubis. Juste Rubis. Je suis trop pauvre pour avoir un autre nom. De toute façon ici je suis le Canari. Un nom peu glorieux. Lui m’appelle son petit Canari. Pas Rubis. Non. Jamais. Je n’avais pas le droit de dire que je m’appelais Rubis. J’étais… son petit Canari. Oui. J’étais. Bientôt je ne le serais plus. Bientôt je ne serais plus Rubis non plus. Je m’appelle Rubis, j’ai 19 ans, je ne sais ni lire, ni écrire et je crois que je vais bientôt mourir.

Il existe des contes de fées. Dedans les princesses sont belles, les princes sont beaux, les méchants sont punis et laids, personne n’est malheureux. J’espère que ma seconde vie sera aussi belle que cette d’un conte de fée. Pourquoi ma seconde vie ? Car je suis morte. Du moins je le suppose. J’étais dans ma cage, l’esprit d’une ancienne chanteuse avait prit possession de mon corps et moi j’étais là, à regarder la scène ne pouvait rien faire d’autre que de la regarder. Puis ils sont tous arrivés ou lui, je pense qu’il est seul, mais faire un massacre à lui tout seul et impossible non ? Quand elle l’a vue, l’esprit m’a tout de suite rendue mon corps, la lâche, elle ne veut pas souffrir, non bien entendu, dés qu’il y a des soucis je dois y faire face seule. Le souci c’est… je vois ses yeux noirs, son sourire moqueur, je vois tout cela. Je vois aussi le sang qui s’échappe de la tête qui a valdinguer au loin de celui que je dois ou plutôt devais nommer mon maître. Puis. Plus rien. Le vide. Je me souviens avoir eut une pensée pour mon carnet. Les passages se sont ouverts et les mots se sont écrit tout seul. Ce n’est qu’une suite de formes entrelacés à mes yeux, mais je crois qu’il écrivait mes pensées. Cela est ma dernière vision. Maintenant tout est noir.

Et vous ? Qui êtes vous ?

« - Mon enfant, avez-vous fait vos prières aux cinq dieux ?
- Oui grand-père.
- Bien, vous êtes une bonne petite, qu’ils aient pitié de vous à votre mort.
- Est-ce qu’ils me jugeront même si je ne vais pas dans les temples ?
- Notre place n’est pas là bas, pas avec les gens normaux que ce soit dans ce monde ou celui d’après.
- Où allons-nous lors de notre mort alors ?
- Le néant… »


Le néant… Si je suis dans le néant qui êtes vous ? Etes vous le juge tout puissant ? Que dois-je faire ? Vous ne répondez pas… Peut être que je dois raconter mon histoire ? Sinon comment pourriez-vous me juger ? Je vais donc vous raconter mon histoire…

Je suis née, il y a maintenant… 19 ans je crois, dans un lieu des plus étrange et les plus obscure de Wonderland. Tout en bas de l’échelle sociale il n’y a non pas les effacés comme on pourrait le penser, mais les bas fonds du purgatoire. J’y appartenais jusqu’à ma mort. J’ai vu le jour au sein même de la même demeure que mes ancêtres. Nous étions plusieurs générations à vivre sous le même toit. De mes arrières grands-parents, à moi-même. Je pourrais vous en faire la liste, mais je ne pense pas qu’elle vous intéressera plus que cela. Je vais donc vous narrer mon histoire. Il faut d’abord comprend ce qu’est les bas fonds du purgatoire. Le purgatoire est une zone froide et lointaine de l’Eden. Il ne fait pas toujours jours, les nuages de fumés nous étouffent. De grandes grillent entourent le purgatoire, des barbelés, des hommes armés et la haine. On nous déteste, on nous haït. Puis il y a nous. Il y a nous qui sommes du bas fond du purgatoire. Nous sommes mis à l’écart du purgatoire. Nous ne sommes rien, rien du tout. Dans les profondeurs du purgatoire, dans des cabanes délabrées, là où vont vos déchés et où la mort rode. Quand vous êtes tout en bas et qu’il y a plus bas que vous, vous vous sentez maître en martyrisant ceux qui sont plus bas… Nous sommes donc les choses du purgatoire. Régulièrement ils prennent l’un d’entre nous au hasard pour le tuer. Du pain, des jeux et des exécutions publiques… Cela suffit à calmer les esprits. Bien de mes frères ont perdu la vie ainsi, les filles ont préfère les violer. Dans ce climat de terreur j’ai donc vu le jour.

« Rubis… Rubis… Tu m’entends ? Rubis… Réveille-toi ma petite Rubis. Je t’en prie.»

Il y a cette voix d’homme qui m’appelle. Des souvenirs remontent en moi. Il est beau, il est charmant, je n’ai que cinq ans, il en a vingt. Il m’appelle sa petite princesse. Je glousse. Il ne me touche pas, il est gentil avec moi. Il ne veut pas de moi. Pas encore, qu’il dit, tu es trop jeune. Eux ils ne voyaient pas, ils ne comprenaient pas. Pervers, malsain, être odieux. Ils ont voulu le tuer, le chasser, ils ont voulu le détruire, alors que son seul crime est de m’avoir aimé et de vouloir attendre que je puisse aimer moi aussi. Il m’appelle. Je sens sa peau glaciale contre ma joue. Il me murmure des mots doux, des mots tendres. Il me supplie de me réveiller. Je ne peux pas. Je ne veux pas. Mort, oui il est mort. Ils ont décidé de le sacrifier, aux vampires, ils aiment ça les sacrifices. Ils l’ont jeté dans l’antre des vampires. Il est mort. A cause de moi. Je ne veux pas ouvrir les yeux. Il me supplie. Il veut que je les ouvre. Il veut me voir encore une fois souriante et riant. J’ai peur. J’ai si peur. Il dit qu’il le sait. Que je ne dois pas m’inquiéter. Alors doucement l’éclat de la lumière apparait. Elle est faible, si faible. De simples bougies. Il est là. Un sourire tendre et des canines qui sortent de ses lèvres. J’ai un mouvement de recule. Cela le blesse. Je baisse la tête quelque peu honteuse. Il caresse mes cheveux doucement et dit de ne pas m’inquiéter. De ne pas m’inquiéter ? De quoi ? D’être morte ? Il me murmure des mots. Des mots doux, des mots tendres. Puis il y a le sommeille qui revient. Je replonge les deux mains en avant, je prends ma respiration et je reste dedans. Je me laisse entrainer par le courant des songes, voguant entre deux eaux, celle du rêve et celle de la réalité.

« - Que fais-tu là, toi !
- Et toi ! Tu as vendu t’as propre sœur.
- Je viens la libérer de cet être abject ! La pauvre a dû être traumatisée, on dit que tu n’as pas été tendre.
- Si quelqu’un doit la sauver c’est moi. Part, part avant que je te tue. »

Les deux voix s’éloignent, la dispute aussi, mais il est trop tard, les souvenirs commencent déjà à affluer. Il y a déjà le visage de sa sœur, de sa belle et tendre sœur qui a osé la vendre… Ce n’est pas la première fois. Lorsqu’on l’avait amené à son école de magie. Au début elles étaient toujours proches l’une de l’autre. Elle continuait d’agir à la fois comme une jumelle et une mère. Au début du moins… Peu à peu je suis devenue un objet, je restais des heures assises sur le lit, à ne rien faire, à ne pas bouger. J’entrais dans une sorte de méditation des plus étranges, m’obligeant à ne pas réfléchir, fermant complètement mon être aux esprits qui voulaient s’emparer de mon corps. Pas maintenant. Je devais être sage, des plus sages possibles pour qu’elle revienne et vite. Sauf qu’elle venait de moins en moins. Elle me laissait… seule, toujours plus seule. J’étais plus qu’un objet de décoration bien ennuyeux, à un point que l’on me ramena chez moi un beau jour. Je ne crois pas qu’elle s’en est souciée. Elle a ce qu’elle veut quand elle veut. Moi elle ne me voulait plus. J’étais de retour chez moi. Ma sœur… ma très chère sœur, elle était tout pour moi. Quand elle est revenue j’ai pourtant cru à ses paroles. J’ai voulu y croire. Au fond de moi je savais qu’elle avait compris enfin l’utilité de mon don. Pourtant je l’ai cru, je l’ai suivie. Puis il y a eut…

« Mademoiselle. Réveillez-vous. Nous devons vous préparer. »

Une voix froide et sèche m’ordonne de me lever je crois. Il y a aussi une pointe d’agacement. J’ai à peine le temps d’ouvrir les yeux que des mains se saisissent de mon corps. Elle me tire, elles me trainent, mais jambes sont encore engourdies et je n’arrive pas à les suivre. Je trébuche d’une manière pitoyable et tout à fait maladroite. Pourtant on m’entraine. On me plonge dans une grande baignoire, je ferme les yeux, mais le savon me pique quand même douloureusement les yeux. Des éclats de larmes s’y échappent et se mélangent à l’eau brulante. Cela était… comme la dernière fois. Avant les enchères. Tout comme avait on m’avait baignée, coiffée, maquillée… Ils avaient fait de moi une poupée avant de me jeter sur une scène, à demi-nue, tremblante. Je me souviens de leurs regards avides derrière leur masque et de leur bouche gourmande désirant l’objet que j’étais lançant des prix les uns après les autres. Puis il y a eut lui, avec ses petits yeux sombres brillants d’une lueur malsaine. Mon petit canari. Voilà comment il m’appelait. J’étais son petit Canari, enfermée dans une cage dorée, avec pour ordre de me laisser posséder par des chanteuses, rien que des chanteuses… Si un autre esprit me possédait, les coups pleuvaient, les insultes aussi, l’esprit était chassé puis détruit. Aussi étrange que cela puise paraitre, je déteste me faire posséder, mais savoir qu’un esprit est détruit me brise le cœur, cela est comme si une partie de mon âme était… brisée.

« Parfait. Vous allez lui convenir j’espère. Vous n’êtes pas très jolie, mais nous avons fait de notre mieux… »

Je m’appelle Rubis. Juste Rubis. J’ai 19 ans, pourtant je ne sais ni lire, ni écrire. Je fais partie de ceux qui possèdent un surnom, le mien est Tweedle Dee et Tweedle Dum. Cela est un surnom qui est très prisé, mais par les autres et les esprits. Je le déteste, car je me fais posséder par les esprits sans mon consentement et surtout… surtout tout le monde désir me posséder. Me posséder comme un objet. Je leur appartient.