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 Tu sais, cela passe, même pour les fantômes. [PV Ruruw]

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Serena Nightly
Serena Nightly
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MessageSujet: Tu sais, cela passe, même pour les fantômes. [PV Ruruw]   Tu sais, cela passe, même pour les fantômes. [PV Ruruw] EmptySam 29 Sep - 17:24






Elles étaient assises sur la terre froide et sans herbe. L'une des deux, celle qui semblait être la plus âgée, essuya la joue mouillée de l'autre, sa petite main pâle allant jusqu'à sa tempe avant de retomber mollement. Et de froncer les sourcils, de cette manière qui la caractérisait tant.

"C'est rien qu'une petite blessure, ma maman me dit toujours que ca passe." expliqua Serena, son visage de petite fille très sérieuse.

"Que...que..ça passe?"

"Oui. Elle me dit 'les bobos, ça durent pas! Un jour ou l'autre ça passe, et tu oublieras. Même que tu sais quoi?"

Sa voisine renifla, se frottant les yeux.

"No..Non?"

"Ben ca cicatrice, comme ça, pouf!"

"....Co..comment ça marche : le pouf?"

"Je sais pas, personne le sait! Tu t'es jamais fait mal avant ?"

Toute larme avait dorénavant disparu des yeux de la fillette.

"Ja..jamais comme ça, sur le genou, et c'est tout cracra.."

Serena gloussa.

"Oui, le sang c'est cracra!"

[-----]

Deux petites têtes rousses. Elles ressemblent à l'une et à l'autre, de dos. Elles se confondent si bien que, quand elles avancent, on croirait qu'il s'agit de la même personne. Et cela vous donnerait presque le vertige, c'est que..on aimerait s'en approcher pour les voir se retourner, observer leur visage, constater qu'elles sont très différentes. Et elles le sont.
Mais dans ce lieu, de telles enfants passent au travers du filet de l’intérêt. Elles ne sont rien de plus, rien de moins, que la naïveté, une sorte d'ignorance qui, tôt ou tard, disparaîtra pour devenir ce que le destin voudra qu'elles deviennent.
Lorsqu'elles accélèrent le pas, elles se tiennent la main. Comme si elles avaient peur d'être perdue sinon. Soudain, une des deux se met à parler. Mais lentement, de façon grave ce qui, pour son âge, paraît étrange.

"Serena, tu crois qu'on pourrait devenir soeur?"

L'autre semble réfléchir, puis, finalement..

"Je crois pas, Rubis. On a pas les mêmes papas et les mêmes mamans."

"C'est vrai..."

Elles laissent planer le silence puis, de nouveau, après deux minutes..

"Alors on est des très grandes amies!"

Son visage de porcelaine se targue d'une grosse moue boudeuse, comme si elle voulait, ainsi, réfuter les liens du sang et leur importance. Instaurer une affirmation inébranlable.
Serena, quant à elle, sourit..sereine.

"Oui, les meilleures amies du monde!"

"De l'univers!"

Serena éclate de rire

"De l'infini!"

L'euphorie se calme. Rubis lâche la main de son amie, se met à courir. Sa robe à jupons blancs se soulève une fois qu'elle tourne. On dirait un oiseau.

"Et pour toujours!"

Serena acquiesce, les yeux brillants.

"Pour toujours!"



- - - - - - - - - - - -

"deux heures trente du matin" - au Dentelle et cuir.

"Tu sais ce qu'on raconte?"

Serena lorgna son interlocuteur d'un oeil vitreux. Elle était assise depuis bientôt quarante longues et interminables minutes à l'une des tables en bois du vieux bordel, en compagnie d'un gars un peu paumé répondant au nom de 'Selvio'. Selvio était une taupe du genre pratique lorsqu'il s'agissait de divulguer toute sorte d'information. Hélas, il était tellement bavard qu'il avait manqué de se retrouver six pieds sous terre, trois fois déjà. Comme il était une source intarissable de bons tuyaux, certains chasseurs -dont Serena- le protégeaient des quelques menaces qui auraient pu lui tomber dessus...disons, par inadvertance. Mais parfois, vous savez, un accident était si vite arrivé... n'en déplaise à notre protagoniste.

Selvio se pencha vers Serena, son sourire édenté puant l'alcool. Il était marrant de voir à quel point cet energumène pouvait être classe, de part sa manière de s'habiller, et pouilleux de part...tout le reste en fait.

"Une fidèle du Chapelier. Une gentille fille selon les dires, mais complètement barrée!"

"Vraiment?"
lâcha Serena dans un borborygme navrant, son coude sur la table, sa main nonchalamment appuyée sur sa bouche.

Elle laissa son regard couler vers une jeune blonde qui accompagnait un guss à l'étage.. une partie de jambes en l'air, une de plus..
Bien qu'elle s'y trouvait, Serena se sentait vraiment en dehors de cet univers de luxure. Les plaisirs courants de la vie n'arrivaient pas à l'atteindre, un peu comme si son imagination, débordante, ne pouvait être contenue dans la coupelle de ces moeurs déjà pleine de décadence. ( bien que certains aimaient appeler Serena : la reine des frigides, ce qui, par ailleurs, était totalement faux...)

"....sais pourquoi?! Eh, eh, tu sais pourquoi?"

"hum...?"
elle s'extirpa de sa rêverie.

"Eh bien.." Selvio chuchota tout doucement. Si bien que Serena, lassée, dut faire l'effort de tendre l'oreille.

"Paraîtrait qu'elle est capable d'être 'habitée'."

"Voyez-vous ça.."


"Jraconte pas des chiques, Serena! Cette fille là, elle a un surnom..jveux dire un vrai de vrai! Et les âmes peuvent la posséder. Tu sais comme....ben comme une possédée quoi! Moi ce que j'en dis - et il s'adossa contre le dossier de la chaise, son regard lubrique dirigé vers une des clientes particulièrement dévêtue - c'est que ça remet en cause beaucoup de choses. La vie après la mort, tout ça. Tu trouves pas ?"

" Et la notion de pêchés, donc ?" siffla-t-elle de manière goguenarde en voyant Selvio loucher sur le jolie postérieur de la serveuse.

"Ouais...enfin...t'es mal placée pour parler de péchés" répondit-il vaguement.

Serena attrapa son verre, fit danser l'alcool qui s'y trouvait, ses prunelles s'assombrirent devant les mouvements du liquide...

"...C'est tout ce que tu as à me dire? Rien de nouveau.... ?"

"Ces temps-ci, même moi j'arrive pas à en savoir plus. Jcrois qu'on est en passe d'une nouvelle ère."

"Selvio..."

"Nan jte jure! Ca sent le renversement de situations, j'en suis convaincu. Quelque chose se trame dans l'ombre."


L'ombre était constante, à Wonderland. Serena trouvait que Selvio s'avançait un peu trop vite pour parler de renversement, comme toujours d'ailleurs..mais elle se garda bien de lui dire. Elle avait suffisamment de pain sur la planche pour partir dans un débat politique avec un alcoolique de première.
Voyant que Selvio fixait le verre de Serena avec insistance - un verre qu'elle n'avait pas bu de toute la soirée et qu'il aurait été dommage -selon son voisin- de gâcher - cette dernière décida d'être un peu généreuse. Elle se leva et fouilla dans son sac de cuir.

"Je te le laisse." dit-elle, avant de jeter quelques pièces sur la table.

"Tu t'en vas déjà?!" demanda-t-il sur un ton surpris, sans manquer, toutefois, de rafler la boisson au passage...

"J'ai besoin de me reposer. La journée a été rude..."

Ceci était d'autant plus vrai qu'elle finissait en apothéose grâce aux bons soins de ce cher Selvio. Pas à dire, sous ses airs d'ahuri incapable, cette raclure savait veiller au grain de son business. Un sourire aux lèvres, Serena lui envoya un bref geste de la main.

"Un jour ou l'autre tu vas te faire descendre, Selvio."

Qui l'apostropha d'un mouvement de verre.

"A moi aussi tu vas me manquer, Serena!"


Elle traîna le pas en direction de la sortie, abandonnant les rires cristallins, la musique et les tord-boyaux pour l'air froid de cette obscurité maussade. Dans un frisson, elle resserra son gilet usé et fronça les sourcils au moment de s'engager dans la ruelle. Froncer les sourcils, voilà bien une manie qu'elle n'avait de cesse de faire depuis aussi longtemps qu'elle s'en souvienne - elle était certaine que dans, environ, dix années, elle posséderait cette ride entre les deux yeux à force de plisser son visage de la sorte. Mais il devenait difficile de changer ses habitudes, surtout lorsque ces dernières avaient survécu au pire. C'était comme si elles finissaient par s'y ancrer, profondément, dans les tréfonds de votre personnalité.

Interminable soupir..Elle monta sur la bordure du trottoir et avança en équilibre, telle une enfant. Comptant un, deux, trois réverbères qu'elle dépassait.
Elle espérait que la nuit ne se prolonge pas plus que de coutume...-cela faisait déjà trois jours que le soleil n'avait pas pointé le bout de son nez. (bienvenue à Wonderland!)
Car si l'avenue principale était, en journée un quartier moyennement agréable, il devenait de nuit une hérésie que tous les naïfs auraient pris pour le coin le plus merveilleux du monde. Une personne mal renseignée n'aurait d'ailleurs jamais pu deviner ce que les façades rayonnantes laissaient présager. En un sens, Serena trouvait que l'endroit correspondait parfaitement à l'idée qu'elle se faisait de Wonderland.
Une allée de calme et de volupté, propre, que les lumières des magasins rendaient enchanteresse mais qui, en son sein, cachait une immondice sale et géante, une masse qui tremblotait dans un souffle de vie dont l'odeur tenait de la putréfaction. Et le pire, dans tout cela, était que Serena faisait partie intégrante de cette matière, qu'elle l'aidait même, indirectement, à prospérer. Véritable comble, n'est-ce pas hmmm ?

Elle sauta sur la route propre comme un sous neuf, arrangeant machinalement ses cheveux derrière ses oreilles.
Il était temps de faire un tour d'horizon au vieux cadran de l'horloge. Voir s'il n'y avait pas des primes intéressantes..par exemple. Elle refusait dorénavant de se renseigner autre part.
En effet, croyez le ou non, son dernier rendez-vous, pris en dehors de son lieu de rencontre coutumier, avait failli se solder par une sacrée pagaille. Elle-même s'étonnait encore du risque qu'elle avait encouru.....c'était à se demander à quoi elle avait bien pu penser en s'invitant au bal de la reine rouge! Non. Depuis, elle s'était jurée de suivre les bonnes vieilles méthodes et d'être raisonnable.

Raisonnable, oui....

Après plusieurs minutes à marcher ainsi, et constatant qu'il n'y avait pas âme qui vive, elle emprunta quelques raccourcis bien à elle. Elle s'engouffra, littéralement, dans le mur d'une ruelle adjacente. Et dans une autre, et hop ! encore dans une autre, la dernière cette fois....
avant de perde sa belle fougue et de brusquement se figer. Une femme. Une femme rousse se trouvait à plusieurs mètres de là, trop éloignée, certes, pour que Serena ne puisse la distinguer convenablement. Mais elle lui faisait face.
Face...vous comprenez?

Merde-merde-triplechiottes..Il aurait fallu être aveugle pour ne pas l'avoir aperçue! Avait-elle pu voir ce que Serena pensait qu'elle avait pu voir?!

Elle se redressa, rigide, se massa la nuque, tourna les talons.
Stop, on oubliait. Peu importe.
Après tout cela ne voulait rien dire. Rien dire du tout.
Cette femme innocente mettrait ça sur le compte d'une hallucination (particulièrement réussie, il est vrai) liée à la fatigue..oui voilà, puis elle irait sagement se coucher n'est-ce pas....hein?
....
Attendez..attendez un peu...
Brusque changement de comportement.
Mais que pouvait bien faire une femme innocente, seule, au milieu de Nameless City?! Et pas dans n'importe quel quartier, de surcroît !
Serena fit volte-face, jeta un enième coup d'oeil vers l'inconnue.
S'était-elle éloignée ? Etait-elle toujours de face, ou bien de dos dorénavant?

Elle plissa ses yeux..comment se faisait-il qu'elle la distinguait moins bien qu'auparavant?
Il était peut être inutile d'être à ce point parano, peut être qu'elle s'était perdue, après tout...
Vraiment?
Vraiment ?!
Ou peut être qu'elle était en train de suivre Serena, ouais! Une sorcière ? Quelqu'un qui la surveillait sous les ordres de Reina?

"Fait chier.." maugréa Serena entre ses dents.

Elle courut finalement vers l'inconnue, une main dans la poche intérieur de sa veste, les doigts se refermant sur son fidèle petit couteau -un parmi d'autres de sa collection.
Il ne fallait pas oublier que Serena était devenue une chasseuse plus par défaut que par réelle vocation et que cela était la principale raison pour laquelle elle n'aurait jamais pu revenir à une vie rangée, joyeuse, et exubérante de citoyenne lambda. Voilà pourquoi, surtout, elle devait s'assurer que cette femme n'était pas une menace. S'assurer, pour se rassurer. C'en était devenu viscéral, comme on mange, comme on boit, comme on respire.
Comme on vit.
De toute manière, à quoi s'exposait-elle en agissant de la sorte...?

A mesure qu'elle s'approchait de cette femme, Serena ralentissait le pas. Elle était aux aguets, prête à bondir comme un chat hérissé au moindre bruit suspect ; plus concentrée, elle devait l'admettre, par les alentours. De peur qu'on ne la surprenne ? Ou alors car elle avait l'étrange impression que des yeux invisibles l’observaient en détail? Oui, il y avait un peu de cela..

Elles n'étaient plus qu'à un, ou deux mètres l'une de l'autre - à vue d'oeil. Lorsqu'elle contempla le visage de cette femme avec plus d'attention, Serena fut prise d'un étrange sentiment. Sans réellement s'en rendre compte, elle relâcha l’étreinte de son arme cachée et abaissa son bras.

"Excusez moi je.." Elle fronça les sourcils.
Sa phrase se noya, sa voix devint troublée.
Cette femme...elle..lui rappelait étrangement quelqu..

Soudain, son coeur eut un raté. Serena recula, machinalement. Et pour cause, voilà un véritable choc, pareille à une gifle en pleine figure!
C'était pourtant impossible?! Tout simplement impossible! Elle ne pouvait tout de même pas être..

"Rubis.." lâcha-t-elle en un souffle.





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Rubis
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MessageSujet: Re: Tu sais, cela passe, même pour les fantômes. [PV Ruruw]   Tu sais, cela passe, même pour les fantômes. [PV Ruruw] EmptyDim 30 Sep - 16:20

On aurait pu être sœur
« Je croyais que m'avais abandonnée, lâchée et en fait non, te revoilà. »


Tu m’appartiens, tu le sais n’est-ce pas ? Que tu m’appartiens. Dis le moi. Dis-moi que tu m’appartiens. Je veux entendre cette voix si fragile qu’est la tienne le prononcer. Dis le moi. Dis le moi encore et encore. Un murmure dans la nuit, intimidé, un regard qui se lève vers ses pales étoiles qu’elle ne pourra jamais atteindre. Ce n’est même pas elles qu’elle regarde, ce sont leur reflet, leur reflet d’argent qui scintille comme un maigre réconfort. Sauf qu’il y a lui, il y a lui aussi. Il n’est plus. Il va revenir. Son reflet sera découpé par les éclats de verres qui se sont envolés, leurs deux reflets se mélangeront d’une manière perverse, malsaine. Il veut l’entendre. Elle doit dire ces mots, ces simples mots, pourtant elle s’y refuse. Un espoir, un rêve d’enfant, lui, ce prénom qui s’envole sur ses lèvres qui restent closes. Lui. Il viendra la sauver. On dit qu’il se joue d’elle, mais il viendra la sauver. Elle le sait. Il viendra. Son prince. Son doux prince. Il l’emportera dans les cieux et ailleurs. Il l’emportera bien loin d’ici et elle n’aura plus à contempler le pale reflet des étoiles, elle pourra les voir elles, elle pourra les voir directement. Trois mots. Trois mots ce n’est pas bien difficile à prononcer n’est-ce pas ? Trois mots et elle pourra aller le voir, lui, son prince charmant qui est bien trop loin d’elle. Son pas lourd approche, elle ne bouge, ses yeux se clôturent, l’obscurité se fait autours d’elle. Elle ne veut pas voir son reflet pervers se mélanger de cette manière si perfide au sien. Il n’a pas le droit ! Non, il n’a pas le droit. Un souffle se fait sentir dans son cou, bien des amantes devaient se tordre de plaisir dessous, mais pour elle ce n’était que le souffle fétide de la mort que voilà.
    « Je… » Ces mots la répugne tant. « Je vous appartient. »

Elle les a crachés. Elle ne pouvait pas faire mieux. Derrière ses paupières closes elle l’entend sourire, ce petit sourire qui s’accompagne toujours de ce petit bruit agaçant. Hésitante elle ouvre peu à peu les paupières, révélant deux opales bleues. Son sourire satisfait, le voir est bien pire que l’entendre. Elle sent ses doigts fins qui la répugnent tant se glisser sur sa joue avec une douceur qu’elle ne lui connait pas. Jamais il n’a prit la peine de la frapper de lui-même, mais sa bouche a ordonné à ses hommes de la faire, pour elle c’est tout comme, c’est comme lui.
    « Lucretia ! » Une jeune femme blonde apparue sur le pas de la porte. Il ne fait pas attention à elle. Seule Rubis compte. « Emmenez la demoiselle à Nameless City, elle a des choses à faire. »

Depuis là où elle est, elle ne peut voir Lucretia, mais elle sait bien que son visage se tord de jalousie. Elle sait aussi que derrière les silences du Chapelier se cache bien des menaces. Elle a des choses à faire… Mais surtout ne la lâcher pas, sinon vous serez châtié. Fuir ne sert à rien, pourtant elle continue, encore et encore. Même si ce n’est pour goûter à la liberté ne serait-ce que cinq minutes elle est heureuse. Alors elle ne cesse de fuir, jamais elle ne cessera. Pour pouvoir se rassurer, se dire que non, jamais elle ne lui appartiendra totalement, que tant qu’elle fuira, il restera un espoir. Il la quitte, non pas avant de l’avoir marqué du bout de ses lèvres, ce qui reviendrait pour elle une marque au fer rouge sur sa peau. Toute sa peau se couvre du frisson de dégoût. Cependant cela ne le fait que ricaner. Il disparait, il la laisse seule avec Lucretia. Bien que le moindre mot ne s’échappe de ses lèvres, Rubis comprend qu’elle doit la suivre. Elle se lève, hésitante, elle n’ose pas vraiment l’approcher. Cela agace la servante qui oublie probablement ce qu’elle est, elle s’en saisit de son poignet brutalement et la traine de force dans la voiture qui doit les amener à Nameless City. Rubis se laisse trainer, a-t-elle vraiment le choix au fond ?

La voiture s’arrête brutalement dans l’avenue principale de Nameless City. Son regard inquiet parcoure les rues sanguinaires de ce quartier. Là où tout le monde se rencontre, les différents quartiers qui sont en territoire neutre ici. Lucretia est agacée, sortir du manoir lui plaisait, mais pas avec Rubis. La blondinette passe sa main dans ses cheveux, une moue boudeuse sur son visage. Pas besoin de mot, elle sait déjà où Rubis compte aller, elle fait d’ailleurs partie du genre de personne qui se moque d’elle au sujet d’Alcide. Soit disant qu’il la méprise, qu’il se joue d’elle… Cependant Lucretia l’entraine ailleurs. Rubis fronce les sourcils. Du bout des lèvres l’autre lui lâche attend moi là. Rubis se fige. Elle ? Seule dans Nameless City ? Etait-ce un piège ou bien une occasion de fuir ? Son regard cherche à droite, à gauche, pour voir si Lucretia ne se cache pas, elle ne sait trop où. Il se fige. N’est-elle pas en train de rêver ou bien une personne est en train de traverser le mur ? La rouquine reste interloquée devant l’image qui se joue devant elle. Au début ce n’est qu’un visage flou, juste une femme rousse qui s’approche de plus en plus d’un air on ne peut plus menaçant. Rubis se colle au mur. La crainte l’enveloppe de plus en plus. Son visage blanchit. Puis ce visage inconnu prend peu à peu d’autres traits. Des traits qu’elle avait vu autrefois… Enfin. Elle ne sait trop. Elle doute. Peut être que oui, peut être que non.
    « Excusez moi je... » Un trouble est présent aussi chez cette rousse. Cette femme qui n’est pas si inconnu que ça. Enfin peut être que oui, peut être que non… « Rubis. »
    « Serena ? »

Le trouble se lit sur le visage de Rubis. Elle ne sait trop comment elle doit réagir, si elle doit éclater de rire, pleurer ou bien lui demander pourquoi elle a décidé de l’abandonner comme ça alors qu’elles n’étaient que des gamines de onze ans. Peut être que c’est même pas elle et peut être que si c’est elle, elle ne se souvient plus de Rubis. Après tout, qui voudrait se souvenir d’une gamine comme Rubis, hein ? Elle était chiante à mourir. Elle s’enfonce un peu plus dans le mur, mais elle ne peut le traverser comme Serena. D’ailleurs depuis quand Serena pouvait-elle traverser les murs ? Non. Cela ne pouvait pas être son amie…
    « Se…Serena Nightly. Celle qui vivait dans l’Eden ? C’est toi... C’est bien toi ? Je… Je croyais que tu n’avais pas de pouvoir et puis… Pourquoi toi ? Pourquoi là ? Non. »

Non. Elle ne peut pas la voir. Après tout ne l’avait-elle pas laissée toute seule quand elles avaient onze ans ? Elle tourne les talons et s’en va. Lucretia l’appelle, elle essaie de se saisir de son poignet, mais rien ne va. Rubis s’échappe, elle ne la laisse pas la saisir. Elle s’en va loin, elle s’en va loin d’elle, loin d’eux. Elle veut juste, juste de son prince charmant, juste qu’on l’aide, car Serena… Serena ce n’est pas son amie, elle l’a abandonnée, elle la laissait toute seule. Autrefois les gamins chantaient une chanson, une petite chanson bien cruelle, sur un air de comptine. Encore et encore, autrefois il y avait Serena qui la défendait, qui leur disait qu’ils n’étaient que des idiots. Puis elle a disparu. Elle la laissait tout seule. Même pas capable de lui dire en face qu’elle ne voulait plus être son amie. Elle ne pensait pas que ce soit possible d’être agacée par une personne, d’être en colère, elle s’en veut, mais… Cette blessure a mis tant de temps à s’être refermée…

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Serena Nightly
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MessageSujet: Re: Tu sais, cela passe, même pour les fantômes. [PV Ruruw]   Tu sais, cela passe, même pour les fantômes. [PV Ruruw] EmptyMar 2 Oct - 0:31









Alors c'était bien elle..Rubis.
Serena ouvrit la bouche, la refermant l'instant d'après car ne sachant que dire, que faire. Son regard coula sur le visage blême de la jeune fille, sur ses poignets si fins, sa beauté qui -on ne saurait dire pourquoi- n'osait briller, ses cheveux flamboyants semblant pourtant bien tristes ..
Bon sang, Rubis...par tous les dieux, que lui était-il donc arrivée? Certes, il y avait toujours dans ses yeux ce semblant de fragilité, ce souffle de vie si innocent qui aurait poussé n'importe qui -oui, n'importe qui- à lui venir en aide pourtant..c'était comme si elle avait été brisée de l'intérieur. Brisée. Mais par quoi, par qui?

« Serena ? »

Elle lui sourit pour toute réponse et son coeur se serra. Entendre sa voix était comme retourner des années en arrière, revenir dans la peau d'une petite fille qui pensait, réellement, que le monde était beau et facile . Elle n'arrivait pas à croire qu'il s'agisse vraiment de Rubis. Cette jeune femme qui se tenait en face d'elle et qui se collait au mur comme si sa vie en dépendait, comme si... elle voulait s'éloigner d'ici au plus vite, s'éloigner de Serena?
Profonde inspiration.

"Rubis je.."

« Se…Serena Nightly. Celle qui vivait dans l’Eden ? C’est toi... C’est bien toi ? Je… Je croyais que tu n’avais pas de pouvoir et puis… Pourquoi toi ? Pourquoi là ? Non. »

Serena soupira. Alors comme ça, Rubis avait vraiment tout vu...? Elle passa une main sur sa nuque et s'apprêta à lui répondre, mais, à sa propre surprise, Rubis lui tourna le dos.
Elle s'en allait.

Les yeux de Serena s'écarquillèrent.

"Non, attends !" fut ce qu'elle voulut crier, hélas rien qu'un infime murmure parvint à franchir la barrière de ses lèvres .
Elle se mit alors à courir derrière Rubis. Elle trébucha, manquant de s'affaler sur l’asphalte. Hop, envolée, l'habilitée de la chasseuse qu'un tour de passe-passe transportait d'une ruelle à l'autre. Ne restait plus que le lourd poids des années sur ses épaules, et ce nuage ocre d'origine inconnue qui l'empêchait de comprendre, alors qu'elle ne demandait pas mieux que de pouvoir.
Il fallait qu'elle sache, Rubis aussi devait savoir ce qu'il s'était passé il y avait de cela dix ans maintenant, dans les sombres ruines bâties par des sorciers.

Soudain, elle aperçut une femme se dessiner au fond de la large ruelle. Ses habitudes de chasseuse reprirent le dessus, et elle s'immobilisa ; laissant s'échapper Rubis. Son regard alla de l'une à l'autre..étaient-elles ensemble ? Serena n'aurait pas imaginé qu'une autre personne puisse accompagner Rubis. Elle ne s'était, à vrai dire, pas même posée la question. Interdite, elle ne fit pas le moindre mouvement.


"Rubis!" appela la jeune blonde, avant de tendre son bras pour lui attraper le poignet. Mais cette dernière para le coup. La tête baissée, elle s'éloigna, fuyant les lieux à la manière d'une femme frappée pour le malheur.

Serena ferma ses poings. Elle sentit un profond sentiment de désarroi, de peine mais de colère, surtout de colère, s’emparer de sa chair pour la meurtrir, de nouveau.
Pouvait-elle comprendre? Serena n'avait pas voulu. Elle non plus, n'avait pas voulu. Elle aurait préféré oublier et tourner la page, bien sûr!

Mais les choses ne marchaient pas de la sorte. Et Rubis aurait dû le savoir. Comment pouvait-elle se dérober de la sorte? Comment Rubis arrivait à faire volte face sans même..sans...

Serena fronça des sourcils.
Et alors, d'une façon quasi machinale, elle se réveilla de sa torpeur sans très bien savoir comment ni pourquoi d’ailleurs.. Elle retira, d'un mouvement sec de la main, le petit couteau jusque là dissimulé dans sa poche et le cala entre ses dents. Puis, elle s'élança à vive allure en direction de Rubis, telle un chat noir dans son élément.
La blonde amorça un geste pour l'en empêcher, mais Serena semblait avoir prévu le coup depuis belles lurettes. Elle attrapa la lame de ses deux doigts et l'envoya dans sa direction. Le coutelas fonça à vive allure et se figea dans l'épaule de la femme qui arracha alors un cri à la nuit, dévoilant, de part ce sordide bruit, la véritable nature d'une chasseuse au sang froid, sans scrupule et pourtant...pourtant...

Serena attrapa le bras de Rubis à la volée et sans la moindre délicatesse.

"Je suis désolée Rubis, vraiment." lui dit-elle à contrecoeur avant de l’entraîner à sa suite dans une course folle et effrénée.

Elle connaissait la route par coeur pour l'avoir empruntée des milliers de fois. Evidemment, c'était différent lorsque vous ne pouviez pas traverser les murs..
Elle bifurqua vers la gauche, dérapa, et faillit d'ailleurs s'écraser sur une longue rangée de poubelles posées là, avant de déboucher sur la place de la vieille et imposante horloge de Nameless City.
Ce qu'il y avait d'étrange avec les ruelles qui entouraient ce lieu quasi-culte pour les chasseurs, c'était que le voyage pour arriver jusqu'à la base pouvait sembler long, du moins pour tout être qui n'en connaissait pas le chemin. Mais il n'était en réalité que trop court. Les ruelles avaient juste été construites à la manière d'un fabuleux labyrinthe, ce pourquoi lorsque vous en sortiez finalement, l'arrivée sur la place lumineuse de l'horloge s'apparentait à un mythe.
Mais Serena n'avait franchement pas le temps de s'émerveiller.

Sans se soucier des possibles regards qui seraient attirés par leur cavalcade, elle s'engouffra au pas de course dans l'obscurité qui se trouvait à l'arrière de l'horloge et poussa la lourde entrée de la base.
A l'intérieur était assis un seul chasseur, pas bien vieux, pour ne pas dire carrément trop jeune, qui triait une liasse de contrats.

"bouge." intima Serena à l'adresse jeune homme.

"Mais.."

"j'ai dit...BOUGE!"

L'air agacé, il lâcha les feuilles au sol et sortit par les portes de la base, que Serena se dépêcha bien vite de refermer. Puis, elle cala son épaule contre le chambranle, d'un air de dire qu'elles ne risqueraient pas de lever le camp de sitôt.

"Encore... je tiens à... m'excuser, Rubis. Sache que...ton amie ..blessure superficielle..ça guérira vite.. C'est juste que.." débita-t-elle à bout de souffle. Elle était incapable de choisir les mots adéquats pour retranscrire tout ce qu'elle ressentait à l'instant.E lle marqua une pause, histoire de reprendre sa respiration.

Finalement, elle ne put se contraindre à faire semblant plus longtemps.
Après tout, Rubis ne l'avait-elle pas connue, jadis, elle et sa ferveur, son manque total de raisonnement, sa fougue, son répondant tranchant cette...cette maladresse lorsqu'il s'agissait de prendre des décisions?! Serena était irrationnelle pour ce qui était de débattre et de s'expliquer, certes, et peut être même qu'elle n'aurait pas dû bousculer Rubis de la sorte (ni envoyer un couteau dans l'épaule de l'autre poirote...) Mais elle était comme ça, Serena.
Et Rubis aurait dû le comprendre. Elle se devait, de le comprendre!

"J'ai changé, Rubis...-et son regard de s'assombrir au moment de prononcer ces mots- Mais je n'ai pas oublié pour autant. Tu n'étais pas qu'une simple amie, tu sais. Tu étais la seule, l'unique.."

Serena se sentait lasse et affaiblie à l'évocation de ses souvenirs. Finalement, elle s'éloigna du seuil de la base. Elle n'avait plus envie d'obliger Rubis à rester. Si cette dernière voulait s'en aller, elle n'avait qu'à le faire.

A la manière d'un animal en cage, une main dans la poche de son large pantalon, l'autre en train de gesticuler inutilement, elle faisait lentement les cents pas au milieu de la pièce.

"Tu ne t'aies jamais posé la question, à savoir pourquoi, POURQUOI, je n'étais pas revenue? Il ne t'a pas semblé étrange que, du jour au lendemain, je ne cherche plus à avoir de tes nouvelles ? Si tu me connaissais mieux que ça Rubis, si tu avais eu plus confiance en moi...

Elle s'immobilisa et la fixa, ses sourcils froncés comme à l'accoutumé.

" Lorsque je t'ai vue, aujourd'hui, dans cette allée, Rubis je..J'étais heureuse. Triste en un sens, parce que je ne comprends pas certaines choses, comme cette pâleur sur ton visage ou...ou la peur qui t'habite constamment, vois-tu, mais j'étais heureuse! Parce que, après tant d'années, je t'ai croisée de nouveau. Mais je n'imaginais pas que tu t'enfuies. Je..."

Profond soupir. Elle s’affala sur une chaise à proximité.

"Tu ne devrais même pas être ici. Je n'ai normalement pas le droit de t'y emmener."

Elle ébaucha un triste sourire sur ses lèvres avant de prendre une profonde inspiration, comme pour se donner du courage.
Ce qu'elle avait à lui dire était difficile, pourtant elle savait qu'elle devait le faire.


"Ils m'ont emmenée, Rubis. Des sorciers, quand j'avais douze ans, ils m'ont emmenée." avouer tout cela lui en coûta, si bien qu'elle fit des efforts monstres pour ne pas se trahir, dans sa voix, ou dans un quelconque tremblement de mains.

"Tu sais, les esprits sont cupides, à Wonderland. Ils nous font croire que faire ce qui nous plaît aux détriments des autres est la meilleure des choses. Il agite haut et fort le lourd drapeau de la décadence. Dans ces conditions, qui aurait pu me sauver ? Qui, Rubis? J'étais enfermée et personne, PERSONNE, n'a pensé à moi durant ces années de dures souffrances. Même mes parents m'ont oubliée, m'ont remplacée...tu le savais, Rubis?"


Et elle gloussa, nerveusement.

"Mes parents, que j'aimais tant. Quand j'ai échappé à mes ravisseurs, je me suis traînée, dans la poussière, perdue, désorientée, la peur au ventre qu'ILS ne me reprennent. Je suis revenue vers le seul endroit que je connaissais. Ma demeure. J'espérais, quelque part au fond de mon coeur, qu'ils pourraient panser mes blessures.. j'étais à deux doigts, deux doigts Rubis, de franchir le bosquet et là... - elle passa une main sur son visage, totalement hilare dorénavant- je l'ai vue. Cette petite fille. Tellement plus belle que moi, tellement plus heureuse aussi, en train de courir dans le jardin de ma propre maison."


Et son rire de mourir, petit à petit. Son regard fixé vers le vide, comme si elle pouvait parfaitement revoir la scène.

"Ils m'avaient remplacée.."

Elle laissa retomber ses doigts contre ses jambes, ses yeux revenir à la normale.

"Voilà pourquoi c'était bon, de se dire qu'il restait au moins une amie, quelque part, dont j'étais sûre qu'elle ne m'avait pas oubliée. Et quand je t'ai reconnue, j'y croyais dur comme fer. Mais.."

Elle redressa sa tête, le visage grave.

"Il s'est passé quelque chose, n'est-ce pas Rubis ? Que t'est-il arrivé ? Qui peux-tu craindre pour avoir changé à ce point?"


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